Panneau 4 – e donne in l’agricultura, ùn si nasce agricultrice, si diventa !
On ne naît pas agricultrice, on le choisit !
Les femmes ont toujours travaillé à la ferme et dans les champs
L’agriculture est née au Néolithique lorsque l’homme a eu l’idée de planter des graines, les faire germer et d’en récolter le fruit. Les femmes ont toujours travaillé à la ferme et dans les champs. Cependant, elles ont longtemps été considérées comme « sans profession », leur travail était dans cette logique le prolongement naturel de tout ce qu’elles faisaient à la maison et était donc gratuit et sans statut.
Au début du XXe siècle pendant la Première guerre mondiale, alors que les femmes françaises avaient pourtant pris en charge les exploitations agricoles en l’absence de leur mari parti sur le front, elles sont toujours uniquement considérées comme des « aides familiales ». Cela signifie aucune reconnaissance ni statut, des « sans profession » (ni protection sociale, ni retraite…).
Ainsi, le mot agricultrice n’est apparu dans le Larousse qu’en 1961.
« Longtemps, les femmes travaillant dans les exploitations agricoles ont été regardées comme des « femmes d’agriculteurs » et non comme des agricultrices à part entière », expliquait, encore penaud, celui qui incarne la France des territoires, Gérard Larcher, dans un colloque l’an passé. (« Être agricultrice en 2017 »)
La prise en compte des femmes dans l’agriculture est une longue histoire
Les femmes représentent 12,4% des cheffes d’entreprise dans le domaine agriculture, sylviculture et pêche .
Source : CCI de Corse, 2024
Ce n’est qu’en 2019 que le congé maternité est passé de 2 à 8 semaines.
La place des femmes agricultrices est le résultat d’une longue histoire, d’une lutte pour la reconnaissance de leur travail, l’obtention d’un statut et la progression de leurs droits sociaux.
Il faut attendre les années 1980 pour que les conjointes d’agriculteurs obtiennent des droits dans la gestion de l’exploitation.
Un quart des exploitations agricoles est aujourd’hui dirigé par des femmes et il en est de même en Corse.
Sources : Centre d’études et de prospective l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Analyse N° 38 Résultats des recensements agricoles 1970 – 2020
Nous avons rencontré
Johanna Barazzoli,
Exploitante agricole
en Corse
Éleveuse ovins, bovins et caprins avec transformation laitière en montagne.
Son parcours
Johanna Barazzoli, Exploitante agricole, éleveuse ovins, bovins et caprins avec transformation laitière en montagne
Qui a suscité cette orientation ?
En 2011, au décès de mon père, j’ai pris la décision de ne pas poursuivre en master 2 de droit pour reprendre son exploitation. Ainsi, j’ai dû me former en passant un CPS et un BPREA. Nous ne sommes plus que trois sœurs, il a fallu être solidaires pour que je puisse reprendre cette exploitation. Cet élevage c’est l’histoire de ma famille et surtout le travail de mon père car ma mère est décédée alors que j’étais toute petite. Je veux le faire prospérer et que mon fils reprenne la suite.
En quoi consiste votre métier ?
Je gère toute seule une exploitation de 40 vaches, 50 brebis race corse et 150 chèvres race corse. Cette race Corse, c’est aussi notre patrimoine que je fais perdurer. Donc, je fais la traite de mes bêtes, les transhumances et le fromage sans oublier la livraison de mes clients. Récemment, j’ai acheté un tracteur avec gyrobroyeur pour l’entretien des terrains. C’est une multitude d’activités dans un seul métier. Je ne m’ennuie jamais.
Est-ce plus difficile pour une fille?
Il y a cette fausse image qu’une agricultrice ne peut pas être féminine. Je ne suis pas très grande alors on me pensait trop fragile pour élever des grosses bêtes et conduire des tracteurs. Il faut avoir un mental d’acier et bien connaitre son métier.
Quand nous devenons maman c’est la question de la conciliation des temps de vie (l’articulation du temps du travail et du temps de la vie familiale, privée) qui se pose. Je me lève très tôt, je me couche très tard. Je n’ai pas d’horaire fixe. Mon petit garçon est tout le temps avec moi. Je l’amène partout car je n’ai pas de nounou ou de crèche. Il fait tout avec moi. Quand, je ne peux pas l’avoir avec moi c’est la solidarité familiale qui prend le relai, son père mais aussi ma sœur et mon beau-frère.
Quelles sont les qualités pour exercer ce métier ?
De la patience, de la passion et être organisé et structuré.
Quels conseils donneriez-vous aux filles?
C’est un métier passion mais qui nécessite de la pratique en plus de la formation. Il faut aimer ses animaux et la terre. C’est un métier valorisant, j’ai à cœur de contribuer à une alimentation saine et respectueuse de l’environnement en s’installant avec des races locales.
Idées reçues
Débats
Le garçon a longtemps été le plus attendu lors de la naissance, pour des raisons économiques (travail aux champs, héritage…) ou de pure fierté parentale. Ainsi, c’est aux garçons que revenaient « naturellement », les exploitations agricoles.
1er janvier 2002 création du congé paternité de 11 jours
Le 1er janvier 2002, création du congé de paternité accordé aux pères dans les 4 mois suivant la naissance ou l’adoption d’un enfant.
La durée minimum du congé de maternité passe à 8 semaines
1er janvier 2019 la durée minimum du congé de maternité des assurées non-salariées agricoles est de 8 semaines.
En savoir plus
Quizz
Qu’appelle-t-on l’articulation du temps de travail ?
Sitographie
DRAAF de Corse : https://draaf.corse.agriculture.gouv.fr/les-femmes-dans-l-agriculture-corse-a1073.html
Ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire de Corse : https://epl.sartene.educagri.fr/
Infographie « La place des femmes dans l’agriculture en Corse »
Rapport du Sénat : Annick BILLON, Corinne BOUCHOUX, Brigitte GONTHIER-MAURIN, Françoise LABORDE, M. Didier MANDELLI et Mme Marie-Pierre MONIER, rapport du Sénat n° 615 pour la délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes (1) sur les femmes et l’agriculture : pour l’égalité dans les territoires, 5 juillet 2017
Filmographie
France 3 Régions – Documentaire sur le long combat des femmes paysannes
Bibliographie
Xavier Cinçon, Agnès Terrieux « Le congé de maternité en agriculture : Une conquête sociale au profit des hommes ? », revue POUR, 2014/2 (N° 222), p. 111-113
Bertrand Hervieu, Nonna Mayer, Pierre Muller, François Purseigle, Jacques Rémy (sous la direction de) Les mondes agricoles en politique, 2010, Édition : Presses de Sciences Po.
Morgane Millet, Perrine Devleeshouwer & Jean-Michel Sorba, « La ferme, expression de proximités renouvelées ? Pour une approche critique depuis la Corse. », 0 | 2023 – Ma Proximité, GéoProximitéS, URL : https://quamoter.hypotheses.org/2758
Valéry Rasplus, » Les femmes comme représentantes syndicales dans le milieu agricole français « , AgriGenre, juin 2020. Pour suivre ces questions : agrigenre.hypotheses.org