Les femmes dans le maritime en Corse

Panneau 7 – E donne in u marittimu, i vulemu carcà i talenti feminili

Osons embarquer les talents féminins !

Panneau 6 de l'exposition "le sens de l'égalité" en corse avec Alexandra Valery, la première femme lamaneur en France

Les femmes étaient interdites à bord des navires

Jeanne Baret, la première femme à avoir fait le tour du monde. Cette exploratrice botaniste, née en 1740 et morte en 1807, avait dû se déguiser en homme pour mener son expédition autour du globe. Elle embarque en 1766 sur le navire L’Étoile avec l’expédition de Louis-Antoine de Bougainville : le premier tour du monde organisé par la Marine royale. Elle y est embauchée comme assistante du naturaliste Philibert Commerson pour son expertise en botanique.

Comme les femmes sont interdites à bord des navires du roi, Jeanne Barret doit se travestir : elle se coupe les cheveux, porte des vêtements d’homme, et se fait appeler Jean Barret.

Elle serait également à l’origine de la découverte du bougainvillier au Brésil.

Jeanne baret, la première femme à avoir fait le tour du monde

C’est seulement en 1992 que la prestigieuse école navale Lanvéoc-Poulmic offre la possibilité de passer le concours d’entrée aux femmes pour devenir officier dans la marine. Les métiers de la mer comptent 21% de femmes

Source : données France métropole et Corse cluster maritime 2023

Nous avons rencontré

Alexandra Valery,
Première femme lamaneur en France

Première femme lamaneure en France, Alexandra Valery, gérante depuis 2019 de la société coopérative de lamanage à Bastia, de la société bastiaise de remorquage et d’ETM, spécialiste des travaux sous-marins.

exposition corse le sens de l'égalité - alexandra valery, première femme lamaneur en France

Son parcours

Après une école de communication et de journalisme jusqu’à la Licence puis un Master Haute École de commerce à Euromed, je commence en 2016 au lycée professionnel maritime de Bastia, une formation pour obtenir l’habilitation capitaine 200. J’ai appris à naviguer et à faire les manœuvres.

En même temps que mes études, j’étais depuis 2014 adjointe de l’ETM, une société spécialisée dans les travaux sous-marins. En 2019, je prendrai la direction de la société ERASME remorquage maritime hauturier, lamanage, assistance et sauvetage en mer. En 2022, je deviens également gérante d’une société de scaphandriers.

Le Lycée Professionnel Maritime de Bastia fait partie du réseau de l’enseignement maritime constitué de 12 lycées et de l’École Nationale Supérieure Maritime (ENSM).

Qui a suscité cette orientation ?

Mon père était lamaneur. C’est lui qui m’a fait découvrir dans ce métier. Mais c’est mon prédécesseur de l’entreprise ETM qui m’a appris les ficelles du métier de gestion d’une entreprise dans le domaine maritime. Il y a une tradition familiale dans ces métiers. Habituellement, la transmission se fait de père en fils. Il a pensé que j’avais la personnalité pour affronter un univers essentiellement masculin, dans lequel quand on est une femme, il faut gagner sa légitimité.

L’activité de lamanage désigne les opérations d’assistance à l’amarrage, au largage des navires lors de leur arrivée, de leur départ ou également de leur mouvement (déhalage : changement de poste à quai) à l’intérieur des ports.

En quoi consiste votre métier ?

Aujourd’hui, je gère trois entreprises ce qui m’offre une bonne connaissance de différents métiers de la mer. Je suis à l’origine de la création d’une formation (certification au métier de lamaneur) donc j’ai passé également cette formation afin de la tester.

La mixité femme homme est un atout. Pour ma part, elle m’a permis de réfléchir avec plus d’attention aux conditions de travail et à sa sécurité.

Est-ce plus difficile pour une fille?

Au sujet de l’exercice de mon métier de gérante, au tout début, il m’a fallu faire mes preuves car on pensait que j’étais la secrétaire. Mais, très rapidement, j’ai su faire ma place et me faire respecter.

Ce qui est le plus difficile pour les filles, c’est la promiscuité de la navigation. C’est pour cette raison qu’il a fallu attendre décembre 2021 pour que le chef d’État-major des forces sous-marines, l’amiral Pierre Vandier, ouvre enfin aux femmes tous les grades, toutes les spécialités à bord des sous-marins aussi bien de force de dissuasion (les SNLE) que d’attaque (les SNA).

L’autre difficulté réside dans la maternité. Enceinte, on ne peut plus naviguer. Donc, il faut alors prévoir un emploi à terre.

Et enfin pour le métier de lamaneur, Il faudrait avoir de la force car ce métier peut nécessiter de porter des amarres pour les accrocher au bollard (l’attache). À Bastia, les amarres sont tirées à quai à la main ou à l’aide de véhicule car la configuration du port et du bassin ne nous permet pas de prendre les amarres sur la vedette. Mais dans d’autres ports, par exemple à Fos et à Marseille, c’est une vedette qui les transporte. Donc tout dépend de la configuration du port.

Quelles sont les qualités pour exercer ce métier ?

Il faut être motivé, aimer la mer et l’aventure.

Quels conseils donneriez-vous aux filles?

Il faut bien se renseigner car il y a une multitude de métiers à terre et en mer. C’est ouvert aux filles comme aux garçons qui auraient une petite condition physique. De plus, il est possible d’avoir tout un déroulement de carrière en commençant par naviguer pour finir à terre si on le souhaite (par exemple : capitaine d’armement). Avoir comme bureau, la mer c’est merveilleux.

Idées reçues


Une femme c’est comme un lapin sur un bateau, ça porte malheur.


Les femmes n’ont pas le sens de l’orientation.


Les femmes n’ont pas d’autorité pour gérer une entreprise.

Débats

Qu’est-ce qui explique le peu de filles dans le domaine maritime ?

La méconnaissance des métiers, la crainte de se retrouver dans un univers essentiellement masculin et les stéréotypes sur la force.